De la guerre froide à aujourd'hui

Les Réserves depuis 1945

Une nouvelle milice

Selon les commissaires, la mobilisation de la Milice devrait se faire en fonction d'un corps d'armée de sept groupes-brigades de milice, chacun ayant à former et administrer de 9 à 11 unités. À nouveau, on souhaite donc la fusion des nombreuses unités actuelles : par exemple, le secteur de l'Ontario, qui a 43 unités, devrait rassembler ses unités en un maximum de 22. La Milice devra être mêlée au processus de rationalisation, recommandent les commissaires. De plus, il doit être entendu que le maximum des montants affectés à la Milice vont au recrutement et à l'entretien des réservistes et qu'ils ne doivent pas servir à maintenir des quartiers généraux inutiles et des officiers sans troupes.

Les commissaires ont l'occasion de découvrir deux « cultures » dans l'Armée de terre, avec une Milice qui se méfie d'une Force régulière qu'elle trouve condescendante et qui lui prend ses meilleurs éléments. Du côté des professionnels, on trouve que les miliciens ont la vie trop facile après leur recrutement. D'où le rapprochement dans tous les domaines suggéré par la commission, dont des normes similaires (forme physique, par exemple) 87.

Mais peu importe les réformes, la Réserve, encore réduite en nombre en 1995 par ordre gouvernemental, reste frappée d'un mal dont elle ne semble pas vouloir guérir : le recrutement des unités fonctionne bien, mais le maintien des effectifs est un problème. Une autre constante est la survivance du système régimentaire des unités de milice malgré toutes les attaques subies, surtout à compter de 1954. Depuis cette époque, le scénario stratégique a été modifié en profondeur tellement de fois, que toutes les solutions trouvées par les commissions d'études n'ont été que temporaires. Cette instabilité du cadre n'encourage guère la stabilité des effectifs.

Qu'on le déplore ou non, la Milice, à la fin du XXe siècle, n'a plus la force politique de celle qui existait voici 100 ans. Même en donnant un rôle plus près de la réalité à des milliers de réservistes, ces derniers ne restent pas nécessairement dans la Réserve après un tour opérationnel 88. Encore ici, la récente commission sur les Réserves a proposé des solutions qui sont, entre autres : la garantie du nombre de jours d'entraînement mensuel entre septembre et mai (en plus des deux semaines de camp) ; les mêmes avantages pour les professionnels et les réservistes, quant à la pension, par exemple ; la recherche de protection de l'emploi quand un milicien part en service. Déjà, fait-on remarquer, le recrutement des réguliers et des miliciens se fait en commun.