De la guerre froide à aujourd'hui

Les réorganisations de l'institution militaire

La planification des forces de l'après-guerre

Volontaire des Rangers canadiens, 1988

Légende: Volontaire des Rangers canadiens, 1988

Les forces de défense du Canada ont stagné dans l'entre-deux-guerres. Durant la guerre, le comité de hauts fonctionnaires qui s'attaque aux problèmes qui existeront après la fin du conflit propose des niveaux d'effectifs qui permettraient à cette institution militaire de se nourrir elle-même, de s'adapter et d'évoluer.

L'armée de terre professionnelle d'après 1945 pourra atteindre un effectif de 25 000 hommes - la Force mobile (Mobile Striking Force) - avec un effectif de réserve de 180 000 hommes. L'aviation sera constituée de 16 000 personnes (plus 4 500 auxiliaires) avec huit escadrons professionnels et 15 auxiliaires. La marine aura 10 000 hommes, avec deux porte-avions, deux croiseurs et entre 10 et 12 destroyers.

Ces forces armées professionnelles, qui totalisent environ 50 000 hommes, doivent être prêtes à toute éventualité d'ordre militaire. Cela comprend une guerre, l'appui et l'assistance au pouvoir civil, l'instruction de la Milice, le maintien et l'opération des systèmes de communications au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest. Surtout, elles sont chargées, dans un premier temps, de protéger la souveraineté canadienne, ce qui inclut de nombreux exercices dans le Nord et le développement d'équipements appropriés.

Une autre leçon qu'ont tirée nos politiciens des années 30 c'est que l'espoir mis dans la coopération internationale pour que la paix soit maintenue peut être bien mince s'il ne repose pas sur des moyens d'action. Il faut être présent dans le monde : la génération née au XIXe siècle, qui s'apprête à quitter les affaires, et sa relève le savent bien. Il n'y a pas de paix assurée sans qu'existent des forces qui pourront la sauvegarder. Tous les peuples sont liés entre eux et le repli sur soi n'élimine pas les problèmes. On aura donc plus de militaires qu'après 1918 et on retournera à l'idée d'avoir un seul ministre pour les trois services, alors que chacun a eu le sien durant la Deuxième Guerre mondiale. Ce retour du principe d'unification annonçait des changements bien plus radicaux, qui viendront moins de 20 ans plus tard.

Du côté de l'armée de terre, on garde les régions militaires avec leurs quartiers généraux et leurs états-majors qui, en principe, pourraient servir chacun une division. Les lieux pour l'instruction sont toujours là, ainsi que le personnel administratif et celui pour la formation des réservistes. La Réserve doit avoir l'effectif de base nécessaire au fonctionnement de six divisions d'infanterie et de quatre brigades blindées. Au total, cette armée, une fois mobilisée, aurait deux corps, plus des unités de défense côtière. Mais les Forces armées restent en général aussi peu attirantes après 1945 qu'avant 1939. En 1949, il manque quelques milliers d'hommes dans les forces régulières et, comme d'habitude, celles de réserve sont bien loin de leur plafond.