La vie quotidienne des soldats et des officiers

Les soldats

La traversée

Habituellement, en vertu du système de rotation des garnisons, chaque régiment tente de recruter le plus d'hommes possible pendant son séjour en Grande-Bretagne ou en Irlande, puis il plie bagage et se dirige vers un port d'embarquement d'où il rejoindra son lieu d'assignation outre-mer.

Le voyage n'est pas de tout confort dans les navires affectés au transport des troupes. Les soldats sont entassés sous les ponts, où ils tentent de dormir à six dans une couchette prévue pour quatre. Si le pont est bas, il leur est impossible de se tenir debout, ou assis sur leur couchette. Si le plafond est plus haut, on aménage des hamacs au-dessus de leurs têtes. Leur ration est réduite d'un tiers, car on estime qu'étant moins actifs ils ont moins de besoins alimentaires. L'air frais est rare même si, par beau temps, on laisse les écoutilles ouvertes. C'est alors l'occasion d'aérer la literie sur le pont, où, d'ailleurs, les soldats montent souvent pour faire de l'exercice. Par contre, si le temps se gâte et que le navire est sérieusement secoué, tout le monde est relégué sous les ponts et les ouvertures d'aération sont fermées. Les soldats se retrouvent alors dans un air confiné, entassés les uns sur les autres dans des conditions sanitaires laissant à désirer, d'autant plus que nombre d'entre eux souffrent du mal de mer. Les risques d'épidémie sont donc proportionnels à la durée du mauvais temps.

Il va de soi que les officiers et leurs familles vivent moins à l'étroit que les simples soldats, mais ils sont néanmoins plusieurs à partager la même cabine étroite. Au temps de la voile, le voyage vers l'Amérique du Nord se fait en deux ou trois mois, et davantage si les vents se montrent particulièrement contraires. L'utilisation de navires à vapeur pour le transport des troupes à partir des années 1850, à défaut d'augmenter le confort, écourte sensiblement la durée des traversées.