Une décennie tumultueuse

L'ultime tentative des féniens

Fantassin fenian, 1870

Légende: Fantassin fenian, 1870

De leur côté, malgré leurs échecs successifs, les Fenians ne se sont pas découragés et, en 1870, ils font une nouvelle tentative pour envahir le Canada. Des espions rapportent la possibilité d'une attaque en mai. Le gouvernement canadien mobilise alors 13 000 volontaires, répartis également au Québec et en Ontario.

Le 25 mai, environ 600 Fenians 144, sous le commandement du général John O'Neill, partent de Franklin, au Vermont, et parviennent jusqu'à Eccles-Hill, au Québec, juste au nord de la frontière canadienne. Le 60e bataillon canadien et environ 75 fermiers de la région, sous les ordres du lieutenant-colonel Brown Chamberlin, les attendent déjà, bientôt rejoints par environ 400 autres miliciens volontaires sous le commandement du lieutenant-colonel William Osborne Smith. Les Fenians possèdent un canon, mais, à la charge des volontaires canadiens, ils prennent la fuite et l'abandonnent sur le terrain, avec d'autres équipements. Tous les Canadiens s'en sortent indemnes, alors que les Fenians comptent cinq morts et 18 blessés dans leurs rangs.

Deux jours plus tard, les envahisseurs se présentent de nouveau, cette fois en traversant la frontière à Trout River, au Québec, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest d'Eccles-Hill. Le 50e bataillon canadien de même qu'une compagnie du 69e régiment britannique et l'artillerie volontaire de Montréal s'y trouvent déjà. Le tir précis des artilleurs déloge les Fenians, tapis dans un bois, pendant que l'infanterie anglo-canadienne avance sur eux baïonnette au canon. Ils s'enfuient après avoir tiré trois salves, trop haut pour occasionner le moindre mal. Les Canadiens et les Britanniques n'enregistrent aucune perte, mais les Fenians déplorent trois nouveaux morts.

Le 5 octobre 1871, les Fenians y vont d'une ultime tentative. Cette fois, O'Neill, avec une quarantaine d'hommes, traverse la frontière du Manitoba à Emerson, au nord de Pembina, et s'empare du bureau de la douane canadienne. Le lendemain, des soldats canadiens et des volontaires de Winnipeg et de Saint-Boniface 145 apprennent, alors qu'ils sont en route pour les affronter, que l'armée américaine a arrêté O'Neill et ses hommes.

Après ce coup de main, on ne tarde pas à réaliser, à travers le Canada, que l'époque des « invasions » féniennes est bel et bien révolue. Le mouvement perd beaucoup de sa popularité et de son poids politique aux États-Unis, sans doute en raison de ses échecs militaires successifs. D'autre part, le gouvernement américain, désireux d'entretenir de bonnes relations avec le Canada et la Grande-Bretagne, se montrait désormais prêt à intervenir plus énergiquement pour désarmer de telles organisations sur son territoire.

Images additionnelles

Les volontaires canadiens du 50th Battalion 'Huntingdon Borderers' attaquent les Fenian
Campement de miliciens volontaires canadiens au fort Wellington à Prescott (Ontario) en 1870