Une décennie tumultueuse
Révolution dans l'armement
Du mousquet à âme lisse au fusil à chargement par la culasse
Légende: Train blindé de l’armée de l’Union équipé d’artillerie durant la Guerre civile américaine
Légende: Visionner le multimédia - Évolution des armes
En même temps, la guerre civile américaine, que l'on peut qualifier de première guerre « moderne », sert de champ d'expérimentation à un nombre impressionnant d'engins meurtriers d'invention récente, tels la carabine à répétition, les premières torpilles, l'artillerie lourde sur chemins de fer et les canons montés sur tourelles à bord de cuirassés. Pour la première fois, on utilise les trains pour transporter de nombreuses troupes. Les communications militaires par lignes télégraphiques font aussi leur apparition. Les simples soldats des deux armées sont presque tous des volontaires peu entraînés, mais armés de fusils d'une précision sans précédent.
Les armes à feu portatives n'avaient guère évolué depuis la fin du XVIIe siècle jusqu'à l'avènement, durant les années 1830-1840, de la mise à feu par percussion. Dans l'armée britannique, ce système, beaucoup plus fiable que celui de la pierre à silex, apparaît à partir de 1836 avec l'adoption de la carabine Brunswick pour les corps de carabiniers. En 1838, on équipe les bataillons d'infanterie de la Garde envoyés au Canada de fusils à percussion. La fiabilité de cette arme faisant l'unanimité, on en étend l'usage à toute l'infanterie en quelques années. Toutefois, même si ces armes font maintenant feu à tout coup, leur portée reste identique à celles qu'elles remplacent.
On découvre alors qu'une balle de forme tronconique, tirée d'un canon de fusil à l'âme rayée, peut se rendre beaucoup plus loin et avec une précision jamais vue, trouvaille qui révolutionne l'armement. En 1851, une partie de l'armée britannique adopte le fusil rayé Minié puis, en 1853, l'armée entière opte pour le fusil rayé Enfield. Ce type d'arme peut projeter une balle sur une cible de 0,9 mètre à une distance de 825 mètres et sur une cible de 0,6 mètre à environ 400 mètres ! Les volontaires canadiens sont pourvus du fusil Enfield à partir de 1856.
Cependant, le fusil rayé se charge encore par la bouche, de sorte que le soldat ne peut tirer environ que trois coups à la minute. La solution pour accélérer le tir est simple charger par la culasse, si possible à répétition. De nombreuses inventions sont mises à l'essai à cet effet durant la guerre civile américaine. Mais les carabines de cavalerie à répétition sont encore trop imprécises pour l'infanterie, qui préfère une arme à un coup permettant un tir précis, à raison d'environ six coups à la minute. L'armée prussienne en possède déjà ; les armées française et américaine auront la leur à partir de 1866. L'armée britannique choisit pour sa part le système de chargement par la culasse de l'Américain Jacob Snider, qui peut s'adapter sur les fusils Enfield existants. En 1867-1868, quelque 350 000 fusils de ce type sont donc modifiés ainsi, pour devenir les Snider-Enfield.
- Date de modification :