La démobilisation

La réorganisation de la Milice

Objet de risée sur le terrain

Sur le terrain proprement dit, l'efficacité guerrière de la milice est-elle vraiment améliorée par ces mesures ? Le poète Louis Fréchette rapporte ainsi comment se déroulait une revue de miliciens à Lévis, après la messe, lorsqu'il était enfant. D'après lui, on procédait d'abord à l'appel nominal, puis : «[...] après cela vint l'exercice - Oh ! l'exercice réduit à sa plus simple expression : - Face à droite!... Face à gauche!... Trois pas en avant !... Trois pas en arrière !... Ce à quoi les gamins ajoutaient : « Si vous êtes pas contents, allez faire vot' prière ! »... Ils aimaient la rime, les gamins de mon temps. Je les entends encore frapper du pied, en cadence, en criant aux miliciens « Face ! face ! face ! ... à la boutique à Gnace!... » La « boutique à Gnace » était la forge d'un nommé Ignace Samson, qui se trouvait juste à faire pendant à l'église, de l'autre côté de la place publique. Après quelques instants de parade et d'exercice, les miliciens rompirent les rangs, allumèrent leurs pipes et se dispersèrent, pendant qu'un gamin, plus effronté que les autres, malgré les chut ! chut ! chut ! prenait la fuite en criant : « Hourrah pour Papineau 109 ! ».

La situation de la milice sédentaire n'est guère plus reluisante au Canada-Ouest. Le comté de Waterloo, par exemple, possède aussi ses farceurs. Un jour de parade, alors que l'on procède à l'appel nominal, un milicien lance un ballon de football sur le terrain... En quelques minutes, la revue se transforme en un gigantesque match ! À une autre occasion, un officier du régiment, agriculteur de son état, est en train de donner des ordres au bataillon en marche. Ne se souvenant plus du commandement « Halte ! », il lança « Who-a ! Who-a 110 ! », comme à ses bœufs ! La ligne de miliciens s'écroule dans un éclat de rire général et la revue est annulée ! Décidément, bien des efforts devraient être déployés pour se protéger contre la menace américaine...