La vie quotidienne en Nouvelle-France

Les soldats

J.C.B. s'en va au Canada

Soldat des canonniers-bombardiers, entre 1750 et 1760

Légende: Soldat des canonniers-bombardiers, entre 1750 et 1760

« J.C.B. » sont les initiales d'un simple soldat, auteur des seuls mémoires connus sur la vie d'une recrue des compagnies franches envoyée au Canada. Son témoignage est particulièrement précieux en ce qui a trait à son recrutement et à son initiation à la vie militaire. L'aventure de J.C.B. débute alors que, faisant route vers La Rochelle où il s'en va travailler chez son oncle, il se lie d'amitié avec un officier menant un groupe de recrues coloniales. Apprenant, à son arrivée, que son parent est décédé, il se trouve sans ressources et c'est son nouvel ami qui le dépanne en lui obtenant un poste dans les bureaux de la forteresse de Saint-Martin-de-Ré. Il rencontre là des marins et des militaires qu'il écoute raconter leurs aventures en terres lointaines. Que voilà un genre de vie intéressant, comparé à son morne emploi de commis ! Au bout de deux mois, l'envie de voyager le tourmente si fort qu'il s'engage dans les troupes coloniales et obtient la permission d'aller au Canada, car il a appris des marins que le climat y est « le plus sain ». Il a 18 ans.

Avec 300 autres recrues, il s'embarque sur le Chariot royal, frégate armée en flûte qui met la voile le 17 juin 1751. La traversée est excessivement longue et pénible. Au cours d'une forte tempête, qui dure cinq jours, J.C.B. éprouve « un grand mal de cœur ». Pour lui, comme pour de nombreuses recrues qui n'avaient jamais connu la mer, l'expérience dut être terrifiante. Enfin, la frégate arrive en vue de Québec et, le matin du 5 novembre, J.C.B. met le pied à terre pour la première fois depuis plus de quatre mois.

Quelques jours passent, puis les recrues sont rassemblées sur la place d'armes, à Québec, où on les dispose sur deux lignes en face des troupes en armes qui en occupent trois. Vers midi, le gouverneur général, accompagné de l'état-major, après avoir fait la revue, procède à l'incorporation des nouveaux venus au sein des Compagnies franches de la Marine et de la compagnie d'artillerie qui, chacune, ont droit à un nombre prédéterminé d'hommes. Le premier choix revient à cette dernière, considérée comme l'élite de la troupe. C'est de celle-là que J.C.B. fera partie. Les compagnies d'infanterie viennent ensuite, à tour de rôle, par ordre d'ancienneté de leurs capitaines, choisir leurs hommes. Le lendemain, J.C.B. reçoit son uniforme et ses armes et est logé dans le corps de garde, au-dessus de la porte Saint-Jean, à Québec.