L'Organisation de la Nouvelle-France

Les ingénieurs du roi et la construction militaire et civile

Le poste "d'ingénieur du roi"

Le fort Chambly, d'après un plan daté de 1718

Légende: Le fort Chambly, d'après un plan daté de 1718

Bien qu'on note déjà la présence d'ingénieurs, au Canada, au XVIIe siècle, tel Jean Bourdon, qui oeuvre à Québec de 1634 à 1668, c'est durant les années 1680 que la fonction sera établie de façon permanente, quand on ajoutera un ingénieur du roi à l'état-major. Ceux qui sont nommés à ce poste détiennent aussi un brevet de capitaine dans les troupes de la Marine. Avec l'arrivée d'un premier ingénieur du roi, Robert de Villeneuve, en 1685, commence l'épopée du génie militaire au pays. Villeneuve sera suivi par Jacques Levasseur de Neré, en 1693, et par Gaspard Joseph Chaussegros de Léry, qui sera en poste de 1716 jusqu'à sa mort en 1756. Ce dernier est l'auteur d'un traité des fortifications en huit volumes, resté à l'état de manuscrit. C'est lui qui dressa les plans de l'enceinte en pierre des fortifications de Montréal, ainsi que ceux du fort Niagara en 1726 et du fort Saint-Frédéric en 1737. Il dirigea en outre divers travaux de fortifications à Québec. Les ingénieurs du roi sont également appelés à ériger certains édifices civils et deviennent par le fait même architectes. Par exemple, on doit à Chaussegros de Léry le plan de plusieurs églises, le palais épiscopal et la façade de la cathédrale de Québec, les chantiers navals du Palais et du Cul-de-sac à Québec, et même des moulins à vent ! Afin d'assister l'ingénieur, on ajoute deux postes de sous-ingénieurs à Québec en 1712.

Certains officiers pratiquèrent le génie sans avoir le titre correspondant. Tel fut le cas de Josué Berthelot de Beaucours, lieutenant dans les Compagnies franches de la Marine, arrivé au Canada en 1687, dont les connaissances dans le domaine des fortifications furent mises à profit. Il dirigea notamment la construction du fort Chambly, en 1710. Il fut finalement nommé ingénieur du roi à l'île Royale en 1715.

L'importance des travaux défensifs entrepris à Louisbourg justifia la nomination d'ingénieurs à cette place de guerre. L'un d'eux, Jean-François du Verger de Verville, homme de réputation, traça les plans des fortifications et dirigea les premières étapes de la construction à partir de 1721. Son oeuvre fut continuée par Étienne Verrier de 1725 à 1745. En 1750, un ingénieur d'expérience, Louis Franquet, envoyé à Louisbourg pour inspecter les fortifications, demeure en Nouvelle-France pour accomplir d'autres revues des fortifications à l'île Saint Jean et au Canada. Promu colonel en 1751, il est nommé brigadier (l'équivalent d'un brigadier général actuel) et directeur des fortifications pour la Nouvelle-France trois ans plus tard, car il est l'officier de génie le plus haut gradé en Amérique du Nord. Mais c'est surtout sa tâche d'ingénieur en chef à Louisbourg qui le retient, le Canada et la Louisiane ayant aussi leurs ingénieurs et sous-ingénieurs.

Les ingénieurs du roi aux colonies sont moins touchés que leurs collègues de la métropole par les changements qui se produisent en France, à partir de 1743, dans l'organisation de leur corps. Affectés désormais au ministère de la Marine, leurs devoirs demeurent similaires et ils continuent même à porter l'uniforme écarlate des ingénieurs du roi.

Images additionnelles

La ville de Trois-Rivières en 1704
Ingénieur du Roi, milieu du XVIIIe siècle