Armement et expérience du temps de guerre

Les armes

L'évolution de l'artillerie au Canada

Des innovations d'artillerie Britanniques, 1914-1918

Légende: Des innovations d'artillerie Britanniques, 1914-1918

Au Canada, l'année 1871 marque une étape importante dans l'histoire de l'artillerie, car c'est à ce moment-là que l'on crée les deux premières batteries permanentes, l'une à Kingston, l'autre à Québec. Avant que la décennie s’écoule, toutes les batteries de l'armée permanente récemment constituées, de même que toutes les batteries de milice, sont équipées d'un nouveau canon de neuf livres mis au point par un officier britannique, William Palliser. D une portée de 3 300 m, ce canon, chargeable par la bouche, projette un obus doté d'ergots qui s'engagent et glissent le long des rayures de l'âme du canon. Les canons de neuf livres sont utilisés par l'artillerie canadienne pendant plus de 25 ans, et six d'entre eux entrent en action à l’Anse-aux-poissons et à Batoche, lors de la campagne du Nord-Ouest.

À compter de 1897, on commence à remplacer le canon de neuf livres par une nouvelle pièce d'artillerie, un canon de 12 livres chargeable par la culasse. Grâce à la cordite, ce nouveau canon peut lancer un obus d'acier forgé à une distance de 5 120 m. De plus, une nouvelle fusée à double effet (fusante percutante) permet défaire éclater l'obus à un moment prédéterminé ou par impact au sol. Lors de la guerre des Boers, le Canada dépêche en Afrique du Sud trois batteries, chacune étant équipée de six de ces nouveaux canons.

Mais, progrès oblige, au tournant du siècle, les armuriers britanniques développent un nouveau canon, de 18 livres d'une portée maximale de 5 670 m, dont la cadence de tir peut atteindre jusqu’à 20 coups à la minute, grâce à l'emploi de munitions encartouchées. De plus, il comporte un appareil de pointage permettant le tir indirect. Les premiers canons de 18 livres arrivent au Canada en 1906 et, durant la guerre 1914-1918, ils constituent le fer de lance de l'artillerie de campagne canadienne. Ils ne seront d'ailleurs retirés du service qu en 1941, non sans avoir connu plusieurs améliorations.

Au début de cette même guerre 1914-1918, les Canadiens disposent aussi d'une pièce d'artillerie lourde : un canon de 60 livres d'une grande précision, qui lance des obus à shrapnel et des obus brisants à une distance d'environ 9 150 m, portée que l'on améliore par la suite grâce au perfectionnement des munitions. Ce canon constitue la principale pièce d'artillerie lourde de l’Armée canadienne durant tout le conflit.

La Première Guerre mondiale provoque un développement accéléré des munitions et des pièces d'artillerie, particulièrement en ce qui a trait à leur portée. En quelques années seulement, la portée du canon de campagne de 18 livres passe de 5 670 m à 8 685 m, et celle du canon de 60 livres, de 9 150 m à 13 715 m. De plus, cette guerre de tranchées remet à l'honneur une pièce d'artillerie tombée en désuétude depuis plus d'un siècle, mais grandement utilisée auparavant dans les guerres de siège contre les forteresses et les villes : le mortier. Contrairement au canon dont l'angle de tir n'excède pas 45°, le mortier, tout comme son proche parent l'obusier, tire sous un angle supérieur à 45°, de sorte que l'angle de chute du projectile atteint presque la verticale, ce qui permet d'atteindre des cibles placées derrière une crête ou un mur de fortification. L'obusier ne diffère du mortier que par une plus grande puissance et une portée plus longue. Durant la guerre, les Britanniques développent de nouvelles pièces d'artillerie dont profitent aussi les Canadiens, en particulier deux nouveaux obusiers, l'un de 6 pouces, l'autre de 9,2 pouces, ce dernier devenant la plus grosse arme de l'arsenal de l’Armée canadienne.