De la guerre froide à aujourd'hui
L'OTAN
La Corée et les engagements outre-mer
Dans un premier temps, en 1949-1950, le Canada perçoit que sa participation au fonctionnement du traité sera économique et se fera à l'intérieur du plan Marshall. Mais la guerre de Corée précipite les choses. La Corée n'est-elle pas, se demande-t-on, qu'une attaque de diversion, la véritable devant se dérouler contre l'Europe de l'Ouest ? Du coup, on commence à organiser le traité (d'où l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord). Le général Dwight Eisenhower accepte de quitter sa retraite dorée pour prendre le commandement suprême des troupes de l'OTAN. Même avant d'avoir été installé en poste, à l'automne 1950, il demande que le Canada lui fournisse des troupes, ce qui est accepté.
N'en doutons pas, l'affaire de Corée, sitôt après 1945, a des effets psychologiques palpables. Ainsi, Brooke Claxton déclare, le 18 juillet 1951, lors d'une émission radiophonique politique de la CBC : « Les succès en Corée, loin de diminuer le besoin de puissance, ont montré que nous ne devons plus jamais désarmer en face d'un éventuel ennemi complètement armé. C'est pourquoi nous devons continuer cet effort combiné pour empêcher l'agression en édifiant nos forces et en les gardant toujours prêtes. »
Et Claxton de continuer dans la même veine en disant que la Corée a souligné nos déficiences, que les pertes de vies et les pertes financières qui en ont découlé ont servi de leçons : « Le fardeau du maintien de nos forces armées est lourd et continuera d'être lourd pendant quelques années encore. Le fait que le conflit actuel prendra peut-être fin en Corée devrait augmenter notre résolution d'être suffisamment forts pour prévenir une agression ailleurs. »
En 1951, le gouvernement ajoute un nouveau groupe-brigade d'infanterie (le 27e), qui sera recruté en grande partie parmi les unités de Milice (comme le 25e, pour la Corée) afin de servir sous le contrôle de l'OTAN, en Europe. Pour le moment, cette formation est appelée à faire partie du Service spécial, qui est différent de la Force régulière et de la Milice. Ce groupe-brigade aura son quartier général, son artillerie de campagne, ses escadrons blindés (venus de la Force régulière), des sapeurs, des signaleurs, en plus d'autres unités de soutien aux trois bataillons d'infanterie. Cela s'ajoute donc à la Force de frappe mobile (un groupe-brigade d'infanterie de la Force régulière) et aux deux divisions de la Milice servant au Canada, ainsi qu'au 25e Groupe-brigade d'infanterie en Corée.
Le plus long déploiement outre-mer de troupes canadiennes en temps de paix débute avec l'arrivée du navire Fairsen à Rotterdam, le 21 novembre 1951, ayant à son bord les noyaux précurseurs du 27e Groupe-brigade. En 1993, alors que l'on s'apprête à mettre fin à cette présence, plus de 100 000 militaires canadiens auront servi pour l'OTAN.
Il n'y a d'ailleurs pas que l'armée de terre sous commandement de l'OTAN. On y engagera neuf escadrons de chasse, nombre qui sera porté à 11 puis à 12, donc à une division aérienne, dès 1953. Dans les années 1950, l'Aviation fournira aussi l'entraînement à de nombreux pilotes des Forces aériennes alliées de l'OTAN. Pour sa part, la Marine canadienne sera présente dans l'organisation navale visant à protéger les voies commerciales entre l'Amérique du Nord et l'Europe : depuis des années, un de ses navires (en rotation) est membre de la flotte permanente de l'OTAN dans l'Atlantique, laquelle est constituée d'unités fournies par plusieurs alliés.
Au départ, le Canada croit que ses troupes pourront être rapatriées au fur et à mesure du redressement de l'Europe. En fait, le nombre diminuera de façon substantielle au tournant des années 70, mais l'effort canadien sera là jusqu'à ce que la menace soviétique disparaisse, à compter de 1991. Les avantages économiques de la présence canadienne là-bas n'ont jamais pu être comptabilisés de façon précise, mais il n'est pas du tout évident qu'ils aient pu à eux seuls la justifier, contrairement à ce que de nombreux commentateurs ont souvent avancé.
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