De la guerre froide à aujourd'hui
Les Réserves depuis 1945
La restructuration de la réserve
Cette nécessaire réorganisation choque tout de même plusieurs qui voient disparaître des bataillons à la source de tant d'excellentes recrues par le passé, en fournissant, par exemple, le commandant du Corps d'armée, dans la Première Guerre mondiale, et trois des cinq commandants de division de la Deuxième Guerre mondiale. Toujours est-il que des régiments, comme le Royal 22e Régiment, accueillent, au titre de leurs 4e et 6e Bataillons, des unités de la Milice et que les régiments amalgamés Canadian Fusiliers/Oxford Rifles forment le 3e Bataillon du Royal Canadian Regiment. De plus, il est implicitement entendu (on ne le crie pas sur les toits et plusieurs miliciens l'ignorent) que lorsque deux régiments de réserve s'appuient, seul le plus puissant d'entre eux serait mobilisé en temps de guerre, l'autre recrutant pour compenser les pertes. Peu à peu, l'on souhaite que les régiments de milice qui marcheront en couples finiront par fusionner, ce qui donnera 27 régiments de réserve, à peu près ce qui serait nécessaire à deux divisions outre-mer plus la défense territoriale.
Le rapport rédigé par le major général Kennedy va aussi dans le sens d'une Réserve de l'Armée régulière formée de personnes ayant terminé leurs contrats dans la Force régulière, mais prêtes à s'entraîner durant 21 jours par année au sein de leur ancien régiment. Ce régime, très peu populaire, sera abandonné après trois ans. C'est à ce moment de ferveur historique que la Réserve de l'après Deuxième Guerre mondiale devient l'Armée canadienne (Milice), ce qui fait réapparaître le lien avec le Régime français.
La Réserve revit un peu à la suite de ces changements, mais certaines évidences sont toujours là. La prolifération des armes nucléaires stratégiques et tactiques rend très improbable que deux divisions puissent arriver en Europe avant que l'issue d'un conflit soit déjà plus ou moins décidée. D'autre part, l'équipement de la Milice vieillit et l'on manque d'argent pour remplacer les blindés Sherman et certains canons de campagne. Simonds, avant de quitter son poste, propose une autre révision de la Réserve. Son successeur, Howard Graham, la fera entreprendre par le brigadier W A. B. Anderson qui conclura, comme par le passé, que la Milice est mal préparée à l'action. Selon lui, aucune unité ne serait prête à combattre 30 jours après l'ordre de mobilisation et plusieurs auraient besoin de quelques mois pour remplir leurs effectifs. Les recommandations d'Anderson qui visent, entre autres, à éliminer complètement les unités les moins performantes, ne seront jamais implantées. Avec l'arrivée du gouvernement conservateur, la Milice se voit assigner un nouveau rôle par le ministre responsable George R. Pearkes, Croix de Victoria de la Première Guerre mondiale, soit celui d'organiser la survie en cas d'attaque nucléaire. La politique d'utilisation change, mais non l'organisation de la Milice issue du rapport de Kennedy. Malgré la résistance de Pearkes qui voudrait tout garder, Graham et son successeur, le lieutenant général S.F. Clark, se débarrassent d'environ 150 sous-unités inefficaces installées à des endroits trop isolés.
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