D'une guerre mondiale à une autre (1919-1943)

La marine jusqu'en 1942

L'expansion de la Marine et la menace des sous-marins

Matelot ordinaire, Women's Royal Canadian Naval Service, 1942-1946

Légende: Matelot ordinaire, Women's Royal Canadian Naval Service, 1942-1946

La marine est la plus petite des armées canadiennes, mais certainement pas la moins importante par les services rendus. Durant la Première Guerre mondiale déjà, des sous-marins avaient menacé les côtes canadiennes et le commerce maritime sans que la marine britannique, stationnée dans les eaux européennes, ne puisse y faire quoi que ce soit. Le 11 novembre 1916, l'Amirauté avait signalé au Canada qu'il devait lui-même accroître ses patrouilles navales côtières. Les Canadiens, de façon on ne peut plus claire, venaient de se faire dire de ne plus compter sur les Britanniques pour leur défense maritime.

La Première Guerre mondiale a rapproché certains points de vue. Une marine totalement canadienne est plus attrayante aux yeux des Canadiens français que les dons d'argent désirés par les Conservateurs d'avant 1914. Quant aux Canadiens anglais, leur identité s'est développée et l'idée d'une marine nationale est devenue une nécessité. La petite marine canadienne d'après 1920 rappelle celle de Laurier de 1910, mais aussi les nombreux plans précédents que nous avons survolés. En 1939, notre marine possède quatre destroyers (contre-torpilleurs) opérationnels qui passent en Grande-Bretagne. À la suite de l'entente américano-britannique qui, en 1940, donne aux Britanniques 50 vieux destroyers américains, en échange de bases à installer à Terre-Neuve et dans les Antilles, six autres destroyers sont pris en charge par le Canada. Mais ceux-ci datent de la Première Guerre mondiale et sont plus ou moins fiables. L'un d'entre eux, rebaptisé NCSM Ste-Croix, doit revenir à Halifax lors de sa première sortie en route vers les eaux britanniques : la mer est trop rude pour ce navire dont la structure au-dessus de sa ligne de flottaison est trop lourde.

En juin 1941, les 10 destroyers reviennent au Canada et s'ajoutent aux corvettes construites sur place pour accompagner, tout en les protégeant, les convois de ravitaillement reliant l'Amérique du Nord à l'Angleterre. Ce service armé canadien qui, encore aujourd'hui, est sans doute le plus britannique des trois, est pourtant le seul qui, durant la guerre et malgré les nombreuses vicissitudes qu'il rencontrera, obtiendra un commandement autonome. Cette marine, mal équipée au début et dépourvue d'équipages d'expérience, sera lancée dans une guerre anti-sous-marins qui, dans un premier temps, aura peu de succès.

Les Allemands se sont mis à augmenter leur flotte de U-boot durant la dernière année précédant l'entrée en guerre. À l'ouverture du conflit, ni la Grande-Bretagne ni le Canada ne sont prêts à faire face à cette menace. De fait, le lendemain de la déclaration de guerre anglaise, le paquebot Athenia, en partance de Liverpool pour Montréal, est coulé par un sous-marin allemand, sans avertissement, à 400 kilomètres à l'ouest de l'Irlande : cela rappelle le triste sort subi par le Lusitania durant la Première Guerre mondiale. Or, il apparaît évident, surtout après juin 1940, que la reconquête du continent européen reposera largement sur le lien vital transatlantique qui permettra de réunir, en Angleterre, les hommes et le matériel nécessaires à d'éventuels débarquements.

Bien que l'on se soit préparé en fonction d'une guerre de surface, l'expérience des convois acquise quelque 25 ans plus tôt n'a pas été perdue. Entre-temps, les Allemands ont pour leur part amélioré leurs sous-marins et, après avoir conquis la côte atlantique française, ils deviennent très dangereux. Leurs sous-marins ont un long rayon d'action (plus de 10 000 kilomètres, pour les moins performants) une vitesse en surface entre 17 et 19 nœuds (alors que les convois font de 8 à 12 nœuds), une possibilité d'immersion de 24 heures et de bonnes communications avec leur quartier général en Europe. Peu à peu, les Allemands développent la tactique de la meute : un sous-marin repère un convoi et rameute ses collègues des environs avant de passer à l'attaque, généralement dans un secteur de l'Atlantique Nord qu'aucun avion de patrouille ne peut couvrir au cours des premières années de guerre. La constitution des stocks stratégiques en Grande-Bretagne est mise en péril.

Pour les marins canadiens, les choses ne vont pas très bien. Le NCSM Fraser est coupé en deux par le Calcutta britannique, le 25 juin 1940, dans l'estuaire de la Gironde : 47 morts. Plus tard, c'est au tour du NCSM Margaree, en patrouille à l'ouest de l'Irlande, de subir le même sort de la part d'un navire marchand 142 morts. Par ailleurs, le 6 novembre 1940, le NCSM Ottawa participe à la destruction d'un sous-marin italien.

Images additionnelles

Officier, Marine royale du Canada, 1940-1945
Hydravion Short Sunderland Mk. I de la Royal Air Force, 1940