D'une guerre mondiale à une autre (1919-1943)

Le retour à la vie civile

Les anciens combattants rentrent au pays

Un soldat canadien à domicile, 1919

Légende: Un soldat canadien à domicile, 1919

La guerre ne sera jamais tout à fait finie pour ceux qui l'ont vécue de près. Plusieurs anciens combattants seront hantés le restant de leurs jours par de vieilles blessures physiques ou psychologiques. Beaucoup mourront prématurément, d'autres se suicideront.

Le pays veut oublier la guerre et ceux qui l'ont faite. Ces derniers, qui n'ont pas toujours apprécié ce qui se passait sur le front intérieur, refusent de parler de ce qu'ils ont vécu, qu'il s'agisse des pertes massives subies ou des actions individuelles ou collectives admirables dont ils ont été les témoins. Parallèlement, ils en viendront peu à peu à idéaliser la camaraderie des tranchées et à appuyer les vertus civiques. Parmi eux, le pacifisme aura facilement prise : comment ne pas les comprendre !

Une pension substantielle, la meilleure au monde, fait partie des avantages obtenus par les veuves et les orphelins de guerre, ainsi que par les grands handicapés. Les hôpitaux pour anciens combattants se multiplient. Mais, pour tous les autres, le gouvernement d'Union se montre mesquin, peu enclin à la générosité. L'ancien combattant reçoit une petite somme d'argent dont l'importance dépend de la durée de son service, 35 $ pour l'achat de vêtements civils, et il obtient une année de soins médicaux gratuits.

Les gouvernants ont la hantise du déficit, d'autant plus que le pays sort de l'épreuve très endetté. Ils ne veulent absolument pas encourager la dépendance et le manque d'initiative, disent-ils. Parmi les mesures prévues, il y a une aide pour les anciens combattants qui veulent s'établir en tant que cultivateurs. On leur donne des terres et on leur accorde des prêts à bas taux d'intérêt : en 1930, 50 pour cent de ceux qui auront choisi cette option auront tout perdu.

Peu de personnes ont prévu ce qui suivrait la fin des hostilités. Un aumônier militaire presbytérien, Edmund Oliver, écrit dans Social Welfare, à l'automne 1918, que ceux qui vont revenir du front ne se contenteront plus de l'ancien ordre. « Nous sommes aveugles si nous n'entrevoyons pas devant nous des bouleversements sociaux profonds et des ajustements politiques 78. » Oliver croit que les Églises canadiennes devront défendre les droits des anciens combattants en demandant, entre autres, qu'à leur retour on les éduque et on leur offre une formation professionnelle.