Un siège interminable
La méthode Hughes et le camp Valcartier
Légende: Lieutenant-général, l'honorable sir Sam Hughes, député
En 1912, le ministère de la Milice et de la Défense veut acquérir un camp central pour l'instruction des miliciens du Québec. Cinq sites différents sont évalués. En novembre, le dossier est confié à un agent des terres, William McBain. Au mois de juin de l'année suivante, ce dernier acquiert un terrain de 4 931 acres situés à plus de 20 kilomètres au nord-ouest de Québec. Pour éviter la spéculation, la transaction est enregistrée au nom de l'agent fédéral. On prévoit y entraîner 5 000 hommes chaque été.
Au début de la guerre, c'est une zone pouvant accueillir de 25 000 à 30 000 hommes qui est nécessaire. Le ministère négocie donc l'expropriation de 125 cultivateurs auxquels il verse 40 000 $, ajoutant ainsi 10 116 arpents aux terrains de McBain. En 1918, le camp de Valcartier aura une étendue de 12 428 acres et il en aura coûté 428 131 $, y compris la commission de McBain. Le 10 août 1914, généreux dans l'attribution de grades honorifiques à lui-même et à ceux qui lui plaisent, Sam Hughes accordera le grade de lieutenant-colonel (honoraire) avec solde à William McBain.
Au moment où la guerre débute, des champs de tirs d'armes individuelles sont en chantier dans la région d'Ottawa. À la demande du ministère, l'entreprise abandonne momentanément les travaux en cours pour aller à Valcartier où un champ de tir de 15 000 cibles est nécessaire. Les travaux débutent le 8 août et, cinq jours plus tard, 1 000 cibles sont déjà prêtes. Le plus important et le plus réussi des champs de tir au monde, comprenant abris, positions de tir et affiches, est complété le 22 août suivant.
L'enthousiasme du ministre a triomphé, mais il veut davantage et, pour obtenir ce qu'il convoite, il se tourne vers les hommes d'affaires fortunés. William Price accepte la responsabilité d'approvisionner le camp en eau potable. Il fera installer une pompe d'une capacité de 500 000 gallons d'eau par jour et une autre d'un million de gallons. Ces pompes sont reliées à un réservoir de 50 000 gallons enserré dans une structure d'acier de 16 mètres de hauteur. Grâce à Price, il est désormais possible d'acheminer l'eau simultanément à 200 tables d'ablutions de quatre mètres de long chacune et à 80 douches cloisonnées. Comme McBain avant lui, Price est vite récompensé pour sa générosité. Dès 1914, le grade de lieutenant-colonel honoraire lui est décerné et, le 1er janvier 1915, il reçoit le titre de chevalier.
L'éclairage des routes du camp est assuré par la Quebec Light and Power Company. Des réseaux télégraphique et téléphonique relient Valcartier à Québec et une voie ferrée est posée sur des ponts surveillés par des piquets de gardes armés qui vivent sous les tentes dressées non loin du rivage.
L'ensemble n'aura coûté que 185 000 $pour sa mise en place et pour son entretien jusqu'à l’Armistice. Pendant toute la durée de la guerre, les portes de camp de Valcartier se refermeront pour l'hiver. À côté des abris temporaires, les immeubles permanents sont rares : la résidence du ministre, le bâtiment abritant les pompes et le dispositif de chloration de l'eau. Le camp accueillera 33 644 hommes en 1914. Mais l'entraînement de base ayant été décentralisé, par la suite, on n'en trouvera que 8 737 en 1915, 14 924 en 1916 et 1 811 en 1917. Son coût total d'opération, entre 1914 et 1918 sera de
590 278,24 $ 65. Dès le printemps 1915, la presque totalité des renforts sont conduits à Halifax d'où ils peuvent prendre la mer à l'année longue, au contraire de Québec.
Ration quotidienne d'un soldat s'entraînant à Valcartier
Poivre et sel
1 1/4 livre de pain
1 once de thé
1/3 once de café
1 once de fromage
2 onces de confitures
2 onces de feues
2 onces de beurre
2 onces de sucre
6 onces de légumes frais
1 livre de viande fraîche
1 livre de pommes de terre
1 once d huile
1 pied cube de bois
Les fruits sont en supplément.
La ration quotidienne des chevaux est de 19 livres de foin, 10 livres
d'avoine et 2 livres de paille.
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