Un siège interminable

Le Princess Patricia's Canadian Light Infantry (PPCLI)

L'effort militaire initial du Canada, qui se voulait tous azimuts, reflète bien l'esprit original et même excentrique de Sam Hughes, ministre responsable de l'époque.

Le Royal Canadian Regiment, (RCR), le seul régiment professionnel d'infanterie canadien, est envoyé aux Bermudes pour relayer une unité anglaise rappelée en Europe, où se concentre la véritable action. À son tour remplacé par des unités de miliciens sans grande expérience levés au Canada, le RCR ira plus tard rejoindre la force combattante professionnelle.

La création du Princess Patriciâs Canadian Light Infantry est une singularité par rapport aux méthodes de recrutement appliquées par Hughes. Le 1er août 1914, l'industriel montréalais Hamilton Gault offre à Hughes un régiment de cavalerie. À 15 ans de distance, Gault semble s'inspirer de l'initiative de Strathcona mais, à la différence du précédent, il veut se battre avec le régiment qu'il aura acheté.

Le 2 août, le ministre accepte en exigeant que la formation soit un régiment d'infanterie. Son premier commandant sera Francis Farquhar, secrétaire militaire du duc de Connaught, gouverneur général du Canada et frère du roi d’Angleterre. Le duc est le père de la princesse Patricia, qui prêtera son nom au bataillon. Gault injecte donc les 100 000 $ nécessaires à la mise sur pied du régiment qui recrute surtout des vétérans, en particulier ceux de l’Afrique du Sud. On croit alors que l'instruction de ces hommes expérimentés sera plus brève et que le fait qu'ils soient issus d'un petit segment de la population ne nuira pas au recrutement du reste du Corps expéditionnaire canadien.

Le rassemblement du PPCLI a lieu à Ottawa et, le 24 août, les hommes prennent le train vers Montréal où un navire les attend. On ordonne au régiment de s'arrêter à Québec en attendant le convoi dont le départ pour l’Angleterre doit avoir lieu au début d'octobre. Entre-temps, le PPCLI s'entraîne à Lévis, non pas à Valcartier, faisant ainsi montre d'une indépendance qui s'accorde mal avec la volonté d'avoir une force canadienne exprimée par Hughes.

Intégré au sein de la 27e Division britannique, le PPCLI est la première unité d'origine canadienne à monter au front et à subir d'affreuses pertes. À l'automne 1915, la division est appelée en Salonique, avec des brigades de quatre plutôt que de cinq bataillons. Le PPCLI, qui doit choisir entre une nouvelle brigade britannique ou une formation canadienne équivalente, opte pour cette dernière possibilité, car cela simplifiera le remplacement de ses pertes. Le 25 novembre 1915, le transfert est complété. Le PPCLI compte alors beaucoup plus déjeunes recrues d'origine canadienne qu au moment de son arrivée en première ligne. À Londres, le 21 février 1919, la princesse Patricia, procédant à l'inspection de son régiment , n'y reconnaîtra que 44 hommes des 1 000 miliciens quelle avait vus à Ottawa en 1914. Parmi eux, Hamilton Gault, amputé d'une jambe.