Un siège interminable
Le Canada en 1914
La participation du Canada
En août 1914, lorsque l'Angleterre entre en guerre, l'économie canadienne n'est toujours pas remise de la dure dépression économique qui a débuté à la fin de 1912, dans un contexte de surproduction industrielle. Le chômage a augmenté et le resserrement du crédit est sévère. Des cultivateurs ont abandonné leurs terres avec l'espoir de trouver, dans les villes, des emplois qui n'existaient pas. Au mieux, la chance leur a souri sous forme d'un certain secours matériel. En 1914, les compagnies possédant les deux chemins de fer transcontinentaux sont dans une position difficile.
Par son statut colonial, le Canada est automatiquement en guerre lui aussi. Clausewitz n'avait-il pas déjà écrit, dans la première moitié du XIXC siècle, que la guerre est la poursuite, par d'autres moyens, de la politique étrangère ? Pour sa part, le Canada fait la guerre sans aucune politique étrangère digne de ce nom. En 1914, la plupart espèrent que ce conflit, dont peu de gens mesurent la véritable envergure, prenne fin rapidement. Néanmoins, le gouvernement veut se donner des pouvoirs exceptionnels. Dès le 18 août, il soumet donc au Parlement un projet de loi des mesures de guerre qui lui permettrait de gouverner par décrets : cette loi sera adoptée le mois suivant.
Lorsqu'il entre en guerre, l'Empire britannique n'est pas aussi uni qu'on pourrait le croire. Déjà en action en Irlande, le Sinn Fein entend bien saisir l'occasion pour faire progresser sa cause. En Afrique du Sud, les Afrikanders, aussi blancs que leurs compatriotes anglais, sont divisés sur une attaque contre la colonie du Sud-Ouest allemand. Au Canada, ils seront principalement soutenus par les francophones du Québec qui refuseront pour eux-mêmes une participation à outrance aux combats.
Dès les premières semaines du conflit, ici et là dans l'Empire, les Blancs expriment leur loyauté à la cause britannique. Mais un fond de divisions subsiste. Il s'atténuera sans disparaître quand, en 1915, le paquebot Lusitania sera coulé. Dès lors, une unanimité presque totale tourne l'Empire contre l'Allemagne et ses alliés qui incluent initialement l'Autriche-Hongrie, à laquelle s'ajouteront au fil des mois la Turquie et la Bulgarie. Presque partout, on se pose la même question : à quel prix ce combat doit-il être mené ?
En général, les colonies britanniques entrent en guerre en comptant sur l'expérience de l'Empire en cette matière. Plus tard, le match se transformera en boucherie et les colonies y participeront de leur mieux. En 1918, la fin du jeu de massacres apportera un grand soulagement.
- Date de modification :