Une décennie tumultueuse

L'expédition du Nord-Ouest

Expédition destinée à affirmer l'autorité du Canada

Le colonel Garnett Wolseley et ses troupes à un portage aux chutes Kakabeka, en 1870

Légende: Le colonel Garnett Wolseley et ses troupes à un portage aux chutes Kakabeka, en 1870

Pour rétablir l'ordre, le gouvernement canadien obtient que le colonel Garnet Joseph Wolseley, de l'armée britannique, prenne le commandement d'une expédition militaire vers la Rivière-Rouge. Elle se composera d'un bataillon du 60e régiment de carabiniers britanniques et de deux bataillons de carabiniers volontaires canadiens, le premier recruté en Ontario et le second au Québec. Mais les Canadiens français trouvent que l'on traite bien cavalièrement les Métis et que l'opération est teintée d'un racisme inacceptable. Ils ont l'impression qu'en recrutant un bataillon dans leurs rangs, les Canadiens anglais, qui contrôlent la milice volontaire, recherchent une caution morale afin de faire ce que bon leur semble tout en affichant une volonté prétendument « nationale ». D'ailleurs, seulement un tiers des brevets d'officiers du bataillon québécois sont destinés à des Canadiens français... La cohésion n'est décidément pas au rendez-vous, et les recrues francophones du « 2nd Battalion, Quebec Rifles » ne le sont pas non plus... Seulement 77 Canadiens français s'enrôlent, sur un total de 362 sous-officiers et soldats. Il fallut bien compléter le recrutement du bataillon « québécois » en Ontario. Le bataillon ontarien, pour sa part, ne connut évidemment aucune difficulté de recrutement.

Au début de juin 1870, Wolseley rassemble ses trois bataillons, ainsi que des détachements de l'artillerie et du Génie, soit en tout 87 officiers, 1 048 soldats, 256 voyageurs et 15 guides, pour l'ouest du lac, Supérieur. Le 24 août, après un voyage des plus ardus, ponctué de nombreux portages où l'endurance des voyageurs impressionne fortement Wolseley, l'expédition arrive au fort Garry pour constater que Riel et ses partisans se sont volatilisés et que l'endroit est très paisible. Wolseley et ses soldats britanniques repartent aussitôt vers l'est, sans livrer aucun combat, laissant les deux bataillons canadiens en garnison au Manitoba. On organise aussi, avec des volontaires des deux bataillons, une compagnie de police à cheval. Elle portera un uniforme bleu foncé avec boutons de laiton au lieu du vert foncé des carabiniers. En avril et en mai 1871, on démobilise ces troupes à l'exception de deux compagnies d'infanterie qui formeront un petit bataillon « provisoire du Manitoba ; il montera la garde aux forts Garry jusqu'à sa dissolution, six ans plus tard.