Une décennie tumultueuse
Une milice britannophile
Le prix de l'exclusion
Légende: Page titre du 'Code Militaire' par le major L.T. Suzor, 1864
Toutefois, l'imposition intégrale et sans déviation du modèle britannique à tous les Canadiens constitue une erreur. Toute armée véritablement nationale doit respecter le patrimoine de son peuple, faute de quoi elle sera perçue négativement par cette partie de la population qui n'y trouvera pas sa place et ses traditions. C'est malheureusement ce qui se produit au Canada à cette époque. Non seulement, les traditions militaires non britanniques sont rejetées sans appel, mais les statistiques démontrent que, plus pernicieusement encore, le système mis en place écarte du commandement supérieur, à la faveur de cette politique, les militaires non canadiens-anglais, ou assimile totalement les rares francophones qui y parviennent. Les officiers supérieurs anglophiles craignent de voir se former une armée bicéphale. Bien que personne ne semble s'en soucier, leur conduite exclut de la milice environ le tiers de la population apte à porter les armes, ce qui constitue un gaspillage inconcevable du potentiel militaire canadien.
Par comparaison, c'est comme si les cantons suisses allemands avaient décidé de se passer de l'apport militaire des cantons francophones - ce qui aurait constitué un désastre pour leur défense nationale.
Le Canada paya le prix politique et militaire de l'exclusion d'une partie importante de sa population dans une institution aussi fondamentale que l'est une armée nationale. Le corollaire d'une telle politique fut évidemment un manque de cohésion nationale et d'importants tiraillements au niveau des objectifs poursuivis par les Forces armées, chaque groupe accusant l'autre aussitôt que des difficultés surgissaient. Et c'est bien là ce qui se produisit effectivement trois ans seulement après la naissance de la Confédération...
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