Une décennie tumultueuse
Une milice britannophile
La milice canadienne impopulaire auprès des francophones
Légende: Exercises de l’infanterie, 1863
Alors même que l'on se rue pour acclamer les Zouaves, on ne compte que quelque 7 000 miliciens volontaires de souche française sur 12 600 volontaires au Québec, pour une population de 1 300 000 habitants à 80 % canadienne-française. Comment expliquer cette disproportion ?
Nombre de Canadiens français éprouvaient alors un profond malaise à l'égard de la milice volontaire. Ils avaient le sentiment d'être exclus d'une institution imaginée et gérée par et pour « les Anglais », à l'intention de ceux d'entre eux qui « voulaient jouer aux soldats 137 » de l'Empire britannique. La langue du commandement supérieur était l'anglais, et les quelques efforts consentis pour la traduction du manuel d'exercices par exemple, étaient faits, à leurs frais, par des Canadiens français bien nantis et intéressés par la chose militaire. Si l'on excepte Québec, toutes les écoles d'entraînement des officiers, organisées en 1864, dispensaient leur enseignement en anglais. Durant l'invasion des Fenians, le général en chef des Forces britanniques en Amérique du Nord, sir John Michel, ordonne aux unités francophones faisant partie des brigades mixtes de n'utiliser que l'anglais, « afin d'avoir l'uniformité dans la langue de commandement 138 ». Dans l'ensemble, les unités entièrement canadiennes-françaises utilisent cependant le français, non seulement par fierté mais aussi parce que la plupart de leurs membres ne comprennent pas, ou pas assez, l'anglais. Il n'en demeure pas moins que de nombreux Canadiens français sont offensés de voir que leur langue maternelle est à peine tolérée, et tournent le dos à la milice canadienne qui leur apparaît comme un instrument d'assimilation.
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