Une décennie tumultueuse
Une milice volontaire plus efficace
Légende: Caporal des Royal Guides, vers 1866
Sur le plan militaire, les Canadiens devaient tirer plusieurs leçons des raids féniens. Ainsi, l'organisation des volontaires ruraux en centaines de compagnies indépendantes rendait leur déploiement fort compliqué. L'adjudant général Patrick MacDougall ordonne qu'elles soient désormais regroupées en bataillons, comme cela se pratiquait pour les compagnies urbaines depuis 1859. On constate aussi que les corps de volontaires embrigadés avec des troupes régulières britanniques se révèlent manifestement meilleurs que les autres, car, grâce à la fréquentation de soldats de métier et aux instructions qu'ils en reçoivent, les volontaires acquièrent beaucoup d'astuces militaires. Des
camps d'entraînement de huit jours sont donc organisés durant l'été pour ces bataillons, afin qu'ils apprennent les rudiments de l'art militaire avec l'aide des régiments britanniques. À cet effet, on organise sept brigades comprenant chacune trois bataillons de volontaires et un bataillon britannique. Les Canadiens apprécient cette innovation car, dit l'un d'eux, ils savent qu'ils « seraient bien commandés par des soldats de profession et qu'ils auraient les conseils et l'appui d'hommes dont le métier était la guerre » 129.
On s'aperçoit également que l'arme utilisée par les volontaires canadiens, le fusil rayé Enfield se chargeant par la bouche, est désormais déclassée et devrait être remplacée de toute urgence par une arme se chargeant par la culasse, comme en possèdent déjà de nombreux Fenians. En 1866, à peine quelques régiments de l'armée régulière avaient commencé à recevoir des armes dotées du système Snider-Enfield. Durant la seconde moitié de l'année, le gouvernement, désireux d'équiper sans délai ses volontaires avec des armes modernes, achète quelque 6 000 carabines se chargeant par la culasse. De plus, en septembre, il commande la fabrication de 3 000 carabines Peabody, qui, en raison de retards de production, ne sont pas livrées avant le printemps 1867. Quelque 30 000 fusils rayés Snider-Enfield arrivés sans frais d'Angleterre durant l'été de cette même année sont en outre distribués aux fantassins et artilleurs. Les troupes à cheval utilisent, quant à elles, les carabines de cavalerie Spencer jusqu'en 1874. Grâce à ces mesures, la milice volontaire canadienne se retrouve très bien armée, équipée et entraînée pour l'époque 130.
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