Une décennie tumultueuse

La vulnérabilité du Canada-Uni

Des fortifications nécessaires mais coûteuses

Canonnier volontaire de l'artillerie canadienne, 1863-1870

Légende: Canonnier volontaire de l'artillerie canadienne, 1863-1870

On craint de plus en plus qu'une fois la guerre de Sécession terminée, les États-Unis n'envahissent le Canada-Uni. Le gouvernement britannique demande donc au lieutenant-colonel du Génie William Francis Drummond Jervois d'évaluer à nouveau le système de défense canadien. Celui-ci conclut que les 12 000 soldats britanniques et les 35 000 volontaires disposés le long de la frontière ne pourront arrêter les armées américaines, 20 fois plus nombreuses, aguerries et mieux armées, qui se déploieront rapidement en cas d'invasion grâce aux lignes de chemins de fer reliant les principales villes canadiennes et américaines. La majorité des plans de fortifications proposés en 1862 sont désormais désuets ; les armées américaines sont maintenant si nombreuses que certaines pourraient assiéger des villes, pendant que d'autres traverseraient le pays. Afin de résister avec un maximum d'efficacité, il faut donc regrouper les forces disponibles dans quelques forteresses presque imprenables. Jervois considère que le Canada-Ouest est pour ainsi dire indéfendable. Selon une de ses hypothèses, Kingston, Montréal et Québec pourraient devenir ces forteresses inexpugnables, mais au coût politiquement insoutenable de quelque £ 1 700 000 (8 750 000 dollars canadiens) ! Dans une optique plus économique, il faudrait au moins garder la ville de Québec et, pour ce faire, doter la rive sud de grand forts modernes afin d'empêcher les Américains d'y ériger des batteries et de bombarder la citadelle et la ville à bout portant.

L'autre place forte à défendre est évidemment Halifax, dont les fortifications doivent être également rénovées. Enfin, comme le préconisait déjà le gouvernement britannique, il faut harmoniser la défense des diverses colonies d'Amérique du Nord. Jervois explique aux Pères de la Confédération, réunis à Québec en novembre 1864, qu'il est d'une importance absolument capitale d'avoir une direction unique et nationale de la défense de l'Amérique du Nord britannique. Aux bienfaits d'une union politique s'ajouteraient donc les avantages d'une union militaire, car les Britanniques ne resteront pas indéfiniment au Canada.