La Royal Navy, maîtresse des mers

La côte du Pacifique

Navires de guerre de la Royal Navy, port d’Esquimalt, vers 1865-1870

Légende: Navires de guerre de la Royal Navy, port d’Esquimalt, vers 1865-1870

La situation est différente sur la côte du Pacifique, jusqu'où le réseau de postes de la Compagnie de la baie d'Hudson étend ses ramifications, car les Britanniques n'y sont pas les seuls Blancs présents. Avant même le retrait des Espagnols de Nootka, un navigateur américain découvrait le fleuve Columbia, en 1792, et les militaires américains Lewis et Clark avaient atteint le Pacifique en passant par l'Oregon, en 1805. En 1811, des commerçants de fourrures américains érigent le fort Astoria, à l'embouchure du fleuve Columbia, que les Britanniques prennent pendant la Guerre de 1812 et rebaptisent du nom de fort George.

Aux yeux des Britanniques, il va de soi que toute la côte du Pacifique, de la Californie jusqu'à l'Alaska, leur appartient, alors que les Américains nourrissent le même sentiment. Forte de son bon droit, la Compagnie de la baie d'Hudson établit un nombre assez important de postes au nord de la Californie, et le contentieux dégénère en 1845 : c'est la crise de l'Oregon, qui est finalement réglée par la prolongation de la frontière le long du 49e parallèle jusqu'au Pacifique, à l'exception de l'île de Vancouver qui demeure territoire britannique.

Ce sont alors les navires de guerre de la Royal Navy qui se chargent de défendre les intérêts de l'Angleterre sur la côte du Pacifique, car l'armée n'y entretient aucune garnison militaire. Grâce à un accord avec le Chili, la marine britannique possède une base à Valparaiso à partir de 1837, et c'est de là que part, en 1846, le HMS Pandora pour croiser aux environs de l'île de Vancouver. Deux ans plus tard, le HMS Constance utilise l'excellent havre d'Esquimalt comme base provisoire. Au lendemain de la crise de l'Oregon, toutefois, il devient important, pour les Britanniques, d'avoir une véritable colonie sur la côte ouest afin de ne pas laisser le champ libre aux prétentions américaines ou russes. Aussi, en 1849, l'île de Vancouver est-elle cédée à la Compagnie de la baie d'Hudson qui, en retour, s'engage à y établir des colons. La capitale devient Victoria, poste de traite érigé par la compagnie en 1843, et le gouvernement désigne un gouverneur royal, indépendant de la compagnie. À partir de cette époque, la marine britannique patrouille fréquemment le long de la côte ouest.