Les guerres Napoléoniennes et la guerre de 1812

La bataille de la Châteauguay

300 contre 3 000

Soldat, compagnie d’infanterie légère, 3e Bataillon de la Milice d’élite du Bas-Canada, 1813

Légende: Soldat, compagnie d’infanterie légère, 3e Bataillon de la Milice d’élite du Bas-Canada, 1813

Dans la matinée du 26 octobre, l'armée d'Hampton débouche dans une clairière face au premier abattis que défendent environ 175 hommes. La brigade d'infanterie américaine du général Izard se place en formation d'attaque. Un officier américain à cheval s'approche de la barricade et invite, en français, les « Braves Canadiens » à se joindre aux soldats de la Liberté pour secouer le joug britannique. En guise de réponse, Salaberry monte sur un tronc d'arbre, épaule le fusil d'un de ses Voltigeurs et met fin à son discours ! La fusillade éclate alors de toutes parts. Pendant qu'une partie de l'armée américaine s'avance vers la première ligne d'abattis de la rive ouest, une colonne de 1 500 hommes sous les ordres du colonel Purdy, plus ou moins égarée, se faufile dans les bois de la rive est afin de contourner la position canadienne. Ces hommes se heurtent soudain aux deux compagnies de milice canadienne qui, sans hésiter, tirent une salve et chargent la colonne américaine. Surpris et confus, les Américains hésitent, puis commencent à fléchir, et plusieurs débouchent sur les berges de la rivière pour être aussitôt pris sous le feu des Canadiens placés sur l'autre rive, ce qui les force à battre en retraite.

De son côté, une partie de la brigade américaine d'Izard tente de contourner le premier abattis. Ce mouvement semble réussir, car les soldats canadiens commencent à se retirer. Mais à peine les Américains sont-ils arrivés à proximité du bois que jaillissent les cris de guerre des Amérindiens embusqués qui ouvrent le feu sur eux ; en même temps, des clairons sonnent de toutes parts et les clameurs de centaines d'hommes tapis au-delà, dans les bois, s'élèvent. Salaberry a en effet demandé au lieutenant-colonel George Macdonell, qui commande les lignes d'abattis situées à l'arrière, de faire le plus de bruit possible. Il n'en faut pas plus pour que les Américains croient les bois envahis d'Amérindiens et toute l'armée britannique à leurs trousses ! Ils battent en retraite. Le lendemain, Hampton et son armée reprennent la route des États-Unis. C'est ainsi que tourne court l'offensive américaine contre Montréal.

Disposant d'environ un homme contre dix, la victoire paraît d'abord improbable à Salaberry et Watteville. Pendant trois jours, ils s'attendent même à un nouvel assaut. Les Canadiens - aucun corps britannique n'a participé à l'engagement - n'ont eu que 4 morts et 8 blessés dans leurs rangs sur 300 hommes ayant pris part au combat. Les Américains, qui ont déployé environ 3 000 hommes au cours de l'affrontement, déplorent au moins une cinquantaine de tués. Cette bataille devait avoir un énorme retentissement parmi la population canadienne-française qui y voit la preuve incontestable de sa valeur militaire.