La côte du Pacifique convoitée

Premières explorations de la côte nord-ouest

Lieutenant Esteban José Martinez Fernandez y Martinez de la Sierra, Marina real, vers 1785

Légende: Lieutenant Esteban José Martinez Fernandez y Martinez de la Sierra, Marina real, vers 1785

Avant ces événements, les Espagnols n'ont pas réellement exploré la côte ouest à la latitude du Canada actuel, s'étant limités à effectuer quelques voyages de reconnaissance. Ils ne possèdent par conséquent aucune carte fiable des lieux. Le vice-roi Antonio Maria Bucareli y Ursua, qui succède au marquis de Croix, charge donc la marine d'explorer le littoral au nord de la Californie, non seulement pour localiser les Russes, mais aussi pour faire des relevés cartographiques précis. En janvier 1774, l'enseigne Juan Josef Pérez Hernandez, commandant la frégate Santiago, quitte San Blas pour faire voile vers le nord. Outre son second, Estebàn José Martinez, un aumônier et un chirurgien, son équipage se compose de 84 marins, dont un canonnier. Aucun soldat ne se trouve à bord, mais une douzaine de marins ont été entraînés au maniement des armes et peuvent remplir ce rôle, au besoin. Le vice-roi a formellement ordonné d'éviter tout combat avec les autochtones.

Le 18 juillet 1774, la vigie du Santiago signale une terre à l'horizon : l'extrémité nord de ce qui est aujourd'hui l'archipel de la Reine-Charlotte, en Colombie-Britannique.

Sans le savoir, Pérez et ses hommes sont les premiers Européens à atteindre cette partie de la côte nord-ouest de l'Amérique du Nord, et à rencontrer les Haïdas. Ceux-ci viennent au-devant d'eux à bord de grands canots, dont l'un transporte jusqu'à 22 rameurs et un tambour. Impressionnés par le degré avancé de civilisation de ces Amérindiens, les Espagnols jugent plus prudent de ne pas s'aventurer à terre, mais procèdent néanmoins à des échanges avec eux. Après avoir poursuivi sa route vers le nord pendant quelques jours, Pérez vire de bord, mettant ensuite le cap vers le sud. Le 7 août, il arrive à proximité de Nootka, dans l'île de Vancouver. Tout comme les Haïdas, les Amérindiens nootkas s'approchent du Santiago à bord de canots. Les rapports sont très cordiaux ; Espagnols et Nootkas trafiquent, les premiers offrant des biens divers, dont des cuillères d'argent, et recevant en retour des peaux et plusieurs autres objets, notamment des chapeaux finement tressés, ornés de scènes de chasse à la baleine. Cette fois, Pérez voudrait aller à terre, mais le mauvais temps l'en empêche. Finalement, le Santiago remet le cap vers le sud et regagne le Mexique 51.