La révolte de Pontiac et l'invasion américaine
L'arrivée des Loyalistes
Tension entre les nouveaux venus et les habitants de longue date
Des tensions sont à prévoir entre ceux-ci et les Canadiens de souche française. Il y en a effectivement dès le début, et encore de nos jours entre les descendants de chaque groupe. Les gouvernants britanniques tentent, dans l'ensemble, de minimiser les préjugés réciproques, et obtiennent un certain succès. Après tout, au-delà de leurs différences, les deux groupes possèdent aussi certaines affinités. Les Loyalistes ont essuyé une terrible défaite qui les a chassés de leur patrie, et les Canadiens français se sont vu livrer aux Britanniques à la suite d'une défaite semblable. Les deux groupes possèdent une forte tradition militaire, puisqu'ils sont composés en grande partie d'anciens combattants - miliciens ou soldats. Enfin, et surtout, chaque groupe soupçonne, à sa manière, les Américains de nourrir de sombres projets d'invasion au Canada.
Les motifs de méfiance envers les Américains diffèrent selon les groupes. Pour les Canadiens anglais issus des Loyalistes, il n'est pas question d'adopter un modèle politique républicain ; ils conservent aussi une mémoire collective douloureuse de leurs anciens compatriotes. Les Canadiens français ne sont ni séduits par la royauté britannique ni très hostiles aux Américains, mais leur intérêt principal réside dans le maintien de leur langue, de leur religion et de leurs lois, ce que les Britanniques leur garantissent. Donc, au-delà des préjugés et des rivalités, chaque groupe sait qu'il doit s'unir à l'autre pour aider les troupes britanniques à repousser toute tentative d'invasion américaine.
Enfin, les Loyalistes ne sont pas tous de souche britannique, on compte parmi eux des Iroquois que la fin de la guerre laisse à la merci des Américains, puisque leur territoire traditionnel se trouvait dans l'État de New York. Le chef Joseph Brant obtient du gouverneur Haldimand la cession de la vallée de la rivière Grand (dans la région de Brantford, en Ontario) et, en 1784, environ 400 Agniers quittent leurs terres ancestrales pour aller s'y établir. D'autres s'installent dans l'est de l'Ontario et dans la région de Montréal. Ceux-ci ont également leurs raisons de se méfier des Américains.
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