La vie quotidienne en Nouvelle-France

La Milice

Les affaires civiles

L'intendant envoie souvent des instructions aux capitaines de milice. Celles-ci peuvent concerner des règlements qu'ils devront annoncer et afficher, ce qui se fait habituellement après la messe du dimanche, sur le perron de l'église. Si une corvée est décidée, ce sont eux qui l'organisent et qui répartissent les tâches entre les habitants. Il s'agit habituellement de travaux de voirie ou de fortifications. Les capitaines de milice sont responsables de la distribution des billets de logement indiquant à chaque soldat dans quelle famille de la paroisse il logera. C'est à eux que revient la tâche ingrate de préparer les certificats de non-résidence, qui permettent au seigneur de récupérer les terres laissées vacantes. On charge aussi les capitaines de faire le recensement, car ils tiennent déjà un rôle indiquant si les miliciens s'absentent de la paroisse ou y sont présents.

Les affaires de police sont également de leur ressort. On leur demande parfois de prêter main-forte à la maréchaussée pour reprendre des criminels ou des déserteurs en fuite. Cette tâche est sans doute délicate, puisque la sympathie des Canadiens pour « les malfaiteurs et les soldats déserteurs » 122 les amène à les cacher. Il est probable qu'on ferme les yeux, dans les cas les moins graves, mais qu'on est aux aguets s'il s'agit de meurtriers. Dans les villes, ils doivent faire respecter les divers règlements concernant la prévention des incendies et la salubrité, et, à l'occasion, fournir une brigade pour le guet de nuit, ainsi qu'assurer une distribution équitable du blé durant les périodes de disette.

Il arrive, rarement, il faut le dire, que les autorités dépassent les bornes dans l'esprit du Canadien. Ainsi, en octobre 1717, les habitants de Longueuil, sur la rive sud du Saint-Laurent, sont appelés à faire une corvée pour édifier des fortifications dans l'île de Montréal, en face. Pas question de faire des corvées hors de la paroisse, décident-ils. Les autorités tiennent ferme et mandent la troupe, tandis que la milice de Longueuil s'assemble en armes. Au bout de deux jours, les autorités se ravisent et chacun rentre chez soi. Il n'y aura pas de corvée à Montréal pour les gens de Longueuil... Trois ans plus tard, l'intendant doit renoncer à faire des saisies chez certains habitants, car elles provoquent aussitôt une levée de boucliers chez les Canadiens, qui se considèrent comme lésés.