La vie quotidienne en Nouvelle-France

Les officiers

La croix de Saint-Louis

Officier des Compagnies franches de la Marine, vers 1750

Légende: Officier des Compagnies franches de la Marine, vers 1750

Au chapitre des récompenses, la plus convoitée est certainement l'accession à l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, créé en 1693 par Louis XIV pour reconnaître des années de bons et loyaux services. Le titre de chevalier de l'Ordre de Saint-Louis - dont l'équivalent à notre époque serait le titre britannique Sir, décerné au Canada jusqu'aux années 1930 -, sans être héréditaire, honore toute la famille de celui qui le reçoit. En 1750, un édit royal décrète l'anoblissement des officiers reçus dans cet ordre, afin de créer une noblesse militaire 121.

L'officier fait chevalier reçoit une croix dorée, émaillée, suspendue à un ruban rouge vif, qu'il porte à une boutonnière de son habit, vers le haut de la poitrine. Cette décoration, la seule que peuvent recevoir les officiers de l'époque, suscite un grand respect chez les Canadiens. Encore de nos jours, on utilise dans certaines parties du Québec l'expression « ce n'est pas une croix de Saint-Louis » pour désigner un individu qui n'a pas de mérites exceptionnels.

Les premiers officiers au Canada à être décorés de la croix de Saint-Louis sont les gouverneurs Callières, en 1694, et Frontenac, en 1697. Puis viennent quelques officiers d'état-major, en 1698, ainsi que d'Iberville l'année suivante. Les capitaines suivront à partir de 1703. En tout, plus d'une centaine d'officiers, au Canada, et une quarantaine, en Acadie et à l'île Royale, seront admis dans l'Ordre pour services rendus en Nouvelle-France. En général, les candidats à cet honneur ont servi au moins une dizaine d'années, souvent bien plus, et sont hautement recommandés au roi par le gouverneur général.