La vie quotidienne en Nouvelle-France
Les officiers
Les revenus des officiers
Les salaires des officiers ne sont pas des soldes, car ils détiennent des brevets. Ils reçoivent donc des « appointements » du Trésor royal. Durant les années 1660, un capitaine du régiment de Carignan-Salières touche 900 livres par année, un lieutenant 360 et un enseigne 270. Une vingtaine d'années plus tard, les officiers des Compagnies franches de la Marine recevront un peu plus, mais, à l'instar des soldats, les sommes ne varieront pas par la suite. Le capitaine reçoit alors 1 080 livres par année, le lieutenant 720, l'enseigne 450 et l'enseigne en second 300. Quand on pense que les officiers doivent, en principe, se nourrir, se loger, s'habiller, et même s'armer à leurs frais en plus de vivre selon leur statut de gentilhomme, on comprend pourquoi plusieurs sont considérés comme « pauvres ». L'inflation des prix des denrées et du logement peut les affecter considérablement.
Il existe heureusement des gratifications que l'on obtient comme récompense pour s'être distingué au combat ou encore en mettant à profit certaines compétences personnelles, comme la connaissance des « langues indiennes » 113 qui permet de servir d'interprète. Pas des sommes énormes, mais sans doute sont-elles les bienvenues.
L'officier des troupes coloniales en Nouvelle-France n'a pas autant d'occasions d'arrondir ses appointements que son confrère métropolitain. Celui-ci peut recevoir un montant pour chaque recrue qu'il amène au régiment, retirer un pourcentage sur le prix de l'habillement et des fournitures qu'il lui procure, et, avec un peu de chance, vendre son brevet avec profit quand il quitte l'armée. Rien de tel pour l'officier des troupes de la Marine en Nouvelle-France. Son brevet est émis, et non vendu, de sorte qu'il appartient toujours au roi. L'uniforme et à peu près tout le fourbi est remis directement à la recrue par la Marine, donc pas de pourcentage possible à retirer. Enfin, même le recrutement est fait par la Marine ou par ses agents en France, de sorte qu'il n'y a pas non plus de prime à recevoir. À Louisbourg, les officiers parviennent à contrôler les cantines des casernes. Mais au Canada, où les soldats sont parsemés chez les habitants et dans les fortins éloignés, ils ne peuvent avoir la mainmise sur les denrées de consommation.
- Date de modification :