La vie quotidienne en Nouvelle-France

Les officiers

L'émergence des officiers supérieurs canadiens

Tout au long de la première moitié du XVIIIe siècle, on note l'émergence d'officiers canadiens dans les postes d'états-majors. Certains deviendront même gouverneurs coloniaux.

L'exemple le plus parfait de cette montée des Canadiens d'origine aux échelons supérieurs du service colonial est illustré par la famille du marquis Rigaud de Vaudreuil. Arrivé au Canada durant les années 1680 en tant que commandant des troupes de la Marine, ce militaire devient gouverneur de Montréal en 1695, puis gouverneur général de la Nouvelle-France en 1703. Ses fils, tous nés à Québec, connaissent des carrières remarquables. Louis-Philippe obtient le grade de chef d'escadre en 1748. Jean est promu au rang de major général dans l'armée métropolitaine en 1745. François-Pierre assume le poste de gouverneur de Montréal en 1757. Enfin, en 1753, Joseph-Hyacinthe est gouverneur général de ce qui est aujourd'hui la république d'Haïti. Mais c'est la carrière de Pierre de Rigaud, marquis de Vaudreuil-Cavagnal qui est la plus déterminante pour la Nouvelle-France. Enseigne en 1708, il occupe le poste de gouverneur de Trois-Rivières en 1733, est nommé gouverneur de la Louisiane en 1743 et gouverneur général de la Nouvelle-France en 1755. C'est le premier officier né au Canada à parvenir au poste suprême de la Nouvelle-France.

Les Vaudreuil ne sont pas les seuls à se distinguer ainsi. Plusieurs membres de la famille Le Moyne deviendront gouverneurs de places de guerre au Canada, tel le baron de Longueuil, Charles Le Moyne, qui occupe ce poste à Montréal. Des officiers de souche canadienne iront aussi servir dans d'autres colonies, particulièrement en Louisiane où Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville sera gouverneur deux fois avant d'être remplacé par son compatriote, Vaudreuil-Cavagnal. Quant à Antoine Le Moyne de Châteauguay, il devient lieutenant du roi à la Martinique en 1727, puis gouverneur de la Guyane française en 1737; nommé gouverneur de l'île Royale en 1745, il décède avant d'avoir rejoint son poste.

Il est vrai que ces officiers sont issus de grandes familles, mais compte tenu que les noms de Vaudreuil et de Le Moyne ne doivent pas peser lourd parmi la foule des courtisans qui entourent le roi à Versailles, il faut croire que la formation et le mérite militaire de ces Canadiens joua un rôle majeur dans leurs promotions.