La vie quotidienne en Nouvelle-France

Les officiers

Nobles et roturiers

Melchior de Jordy de Cabanac (1666-1726)

Légende: Melchior de Jordy de Cabanac (1666-1726)

Sous l'Ancien Régime, être officier peut mener à de hautes fonctions dans l'État, mais le succès dépend en partie de la naissance, du rang social, de la fortune et des influences qu'on possède à la cour. Les nobles font la lutte aux roturiers pour ces postes, prétendant que le métier des armes appartient à la noblesse. Sous Louis XIV, de tels propos doivent être tempérés, car le Roi-Soleil considère la compétence avant toute chose. Sous Louis XV, la noblesse regagne une partie du terrain perdu, mais n'obtient pas l'exclusivité des charges d'officiers. Cela viendra finalement sous Louis XVI, quand tout candidat à ces postes dans l'armée métropolitaine devra présenter sa généalogie et les documents certifiés prouvant sa noblesse.

C'est dans ce contexte qu'évoluent les officiers coloniaux de la Nouvelle-France. La « noblesse du Canada » n'est pas noblesse de sang, dans le sens exigé par l'armée. Hormis quelques familles que le roi a anoblies, rares sont celles qui peuvent respecter les exigences généalogiques requises. Tous les officiers, cependant, se réclament gentilshommes car c'est l'essence même de leur statut. Un gentilhomme est, en principe, un fils cadet issu d'une famille noble, mais cette définition supporte bien des accrocs et le roturier qui devient officier a droit à ce titre.

Il ressort de cet état de fait que les roturiers ambitieux et les gentilshommes pauvres ont avantage à chercher fortune dans les troupes coloniales, puisque la noblesse de sang préfère rester en France. Les officiers qui s'établissent aux colonies, au XVIIe siècle, espèrent avoir un jour leur seigneurie et, qui sait, se mériter un titre de noblesse. À partir de la fin de ce siècle s'ajoute pour eux l'espérance de devenir chevalier de l'Ordre militaire et royal de Saint-Louis.