La vie quotidienne en Nouvelle-France
Les soldats
Les soldats mariés
À la lumière de cet incident, on constate qu'en dépit du règlement leur interdisant de se marier, plusieurs militaires le sont. C'est le cas notamment de la plupart des sergents. D'autres, déjà mariés, attendent d'être libérés de leur service, ce qui leur est accordé quand les recrues arrivent nombreuses de France. En 1747, un tiers des hommes de la troupe sont ou mariés ou trop vieux ou invalides, selon le gouverneur général La Galissonnière. L'évêque a sans doute raison aussi lorsqu'il affirme qu'il y a bon nombre d'unions libres parmi les soldats qui attendent la permission de s'unir officiellement à leur compagne. Il faut tenir compte également de ceux qui sont en poste dans les forts éloignés. Ce sont sans doute leurs femmes « qui sont nécessaires pour l'utilité de la garnison, telles... une boulangère, une blanchisseuse ou autres domestiques » 107. Enfin, dans les fortins reculés, certains soldats s'unissent, semble-t-il, à des Amérindiennes selon les règles indigènes de l'union maritale, ce qu'on appelle communément « à la mode du pays ». C'est donc une nécessité de libérer les soldats pour qu'ils puissent se marier, comme le recommande La Galissonnière en 1747.
À Louisbourg, la population, au début, se compose surtout de soldats devenus habitants. Mais par la suite, la situation évolue différemment, car il est très difficile pour le simple soldat d'y trouver une compagne et de se marier. Aussi, bien qu'on les encourage à rester, la grande majorité des licenciés se prévalent de la gratuité du passage pour quitter l'île Royale et retourner en France.
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