La vie quotidienne en Nouvelle-France
Les soldats
Mariage et colonisation
Dès les débuts de la Nouvelle-France, le mariage des soldats est considéré comme un bon moyen de favoriser la colonisation et les militaires sont encouragés à devenir « habitants ». L'exemple le plus connu de cette forme de peuplement est le mariage des soldats du régiment de Carignan aux « Filles du Roi », les uns ayant été licenciés et les autres envoyées de France spécialement dans cette intention. Mais ces militaires ne font qu'en précéder d'autres qui, démobilisés des troupes de la Marine, s'établiront au pays à partir des années 1680. Combien des quelque 7 800 soldats de ces troupes venus au Canada entre 1683 et 1755 y sont restés ? Compte tenu que le nombre annuel de démobilisations est modeste et qu'il arrive même, surtout en temps de guerre, que le gouverneur général n'accorde pas de permissions de se marier afin de ne pas affaiblir la garnison, il est possible d'avancer, en toute hypothèse, qu'entre 2 000 et 3 000 de ces soldats sont devenus colons au Canada.
Cependant, les soldats qui se marient et veulent s'établir comme fermiers dans la colonie reçoivent de l'aide de la part des autorités, car on a besoin « de bons laboureurs » 101. Ils peuvent obtenir des terres sur les seigneuries, lesquelles, souvent, ont été accordées à des officiers, ou s'installer à proximité. On pense au gouverneur général Vaudreuil qui permet à 30 soldats de s'établir aux environs de sa seigneurie, en 1723. La plupart choisissent comme lieu d'enracinement les rives du Saint-Laurent, en particulier autour de Montréal, où se trouve la principale garnison, mais d'autres s'éloigneront considérablement. Les premiers colons à obtenir des terres à Détroit, au moment de la fondation de cette ville en 1701, furent des soldats mariés.
L'octroi d'une terre, chose quasi impensable en France, constitue un atout indéniable pour favoriser l'établissement des soldats au Canada. Les difficultés du défrichement et de la mise en valeur des concessions sont compensées, du moins en partie, par l'allocation au nouveau colon de nourriture, du matériel aratoire nécessaire et d'une vache, ainsi que par le prêt de quelques hommes de troupe « pour l'aider à charpenter son logement » 102. On accorde aux soldats de
Carignan-Salières, pour commencer leur nouvelle vie, une somme de 100 livres ou de 50 livres à laquelle s'ajoute un an de ration. Aux soldats des Compagnies franches de la Marine, on ne donnera en principe qu'un an de solde et leur uniforme. Ils recevront en plus un fusil de chasse à partir de 1726.
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