La vie quotidienne en Nouvelle-France

Les soldats

Danser et chanter

Mais il n'y a pas que la boisson pour divertir les soldats. Le canonnier-bombardier Bonin parle d'un de ses camarades qui a le « défaut du jeu et de la boisson » et qui est « méchant, querelleur, mettant souvent l'épée à la main » quand il a bu. Sobre, c'est un homme « doux et aimable, surtout envers les femmes » et qui a la passion de la danse. Il en donne le goût à Bonin, lui apprend à danser, l'amène « dans les bals », tant et si bien qu'en trois mois ce dernier devient « son second dans cet art » 95.

On peut déduire de ce témoignage que l'excès dans le jeu et dans la bouteille est considéré comme un « défaut », mais que la danse est un passe-temps anodin très populaire, comme aujourd'hui. Plusieurs cabarets non seulement offrent à boire, mais ont aussi des musiciens pour qu'on puisse faire un « bal ». C'est l'occasion par excellence de rencontrer des jeunes filles pour ces soldats qui sont pour la plupart, on ne saurait l'oublier, de jeunes hommes célibataires. On danse même avec tellement d'entrain au cabaret de Marguerite Brus seau, dite « la Vadeboncceur », que les planchers de cet établissement de la rue Saint-François, à Québec, en tremblent...

Les soldats aiment chanter et ils ont un répertoire impressionnant de chansons « à boire » qui célèbrent indifféremment la paix, la guerre, l'amour, et même les généraux ennemis. Qu'on pense à « Malbrough s'en va-t-en guerre », « Joli Tambour », « Auprès de ma blonde », « Cadet Rousselle », « Chevaliers de la Table ronde », qui sont encore très populaires dans la francophonie canadienne. Il y en a bien d'autres, maintenant oubliées, comme « Buvons, chers camarades... je m'en vas-t-à-la guerre, servir le roi » 96.