La vie quotidienne en Nouvelle-France

Les soldats

Au son du tambour

Tambour des Compagnies franches de la Marine en Nouvelle-France, vers 1740

Légende: Tambour des Compagnies franches de la Marine en Nouvelle-France, vers 1740

Maintenant que la musique militaire n'est plus qu'un divertissement, on a complètement oublié qu'autrefois les villes dotées d'une garnison vivaient au son des tambours du matin au soir. Leur battement, rehaussé de la note aiguë des fifres, constituait un des aspects familiers de la vie quotidienne, un peu comme le son des cloches à une autre époque.

Dès la première moitié du XVIIe siècle, les règlements en usage dans les places fortes d'Europe pour le service de la garnison étaient appliqués dans les colonies. Montréal, Québec, Trois-Rivières, Louisbourg, étaient des places de guerre régies par un état-major. Les Relations des jésuites de l'année 1636 font état que Québec est gardée comme l'est une forteresse en France. La « Diane nous réveille tous les matins », écrivent-ils. C'est le premier roulement de tambour de la journée qu'on appelle ainsi, quand, « au point du jour », le tambour en faction au corps de garde monte sur le rempart et joue pendant une quinzaine de minutes. La Diane - nom dont l'origine s'est perdue dans la nuit des temps - signifie à la garnison, en particulier, et à la population, en général, qu'il est temps de se lever et de commencer les activités du jour. De même, La Retraite, battue au coucher du soleil, prévenait la population que les portes de la ville seraient bientôt fermées pour la nuit et L'Ordre résonnait après leur fermeture.

De nombreux autres appels ponctuaient la journée. L'Assemblée était un de ceux que l'on entendait fréquemment résonner entre les murs de la ville. Il avertissait les militaires d'avoir à rejoindre leurs corps pour des exercices ou pour une revue à la place d'armes.

La Garde signifiait que l'ennemi était en vue. Moins alarmiste, mais fort utile, était Le Ban, annonçant au public la lecture des ordonnances et des règlements et même les ventes à l'encan à la suite d'un décès. Enfin, les tambours accompagnaient les fêtes. Ils résonnèrent durant les réjouissances organisées à Québec le 29 octobre 1690, quand on porta à l'église les drapeaux anglais pris à l'ennemi.

Tous ces roulements ne doivent pas faire oublier que le tambour, instrument officiel des militaires, n'était pas le seul dont ils savaient jouer. Dès 1660, on parle de soldats qui font retentir tambours et flûtes le jour de l'Épiphanie. Tout comme leurs confrères de la métropole, les soldats d'ici jouaient du fifre et sans doute, à l'occasion, du hautbois.

Images additionnelles

Tambour des Compagnies franches de la Marine du Canada, entre 1701 et 1716