L'Organisation de la Nouvelle-France

Les soins du corps et de l'âme

Les soldats-fraters

La plupart des chirurgiens servent dans les villes. Un ou deux sont attachés à l'hôpital local et payés par le ministère de la Marine. On en rencontre à l'occasion dans les forts importants, tels Chambly, Saint-Frédéric, Niagara et Détroit. Exceptionnellement, il arrive que l'un d'eux accompagne une grosse expédition, mais, règle générale, les soldats postés dans les fortins éloignés ou qui effectuent un raid sur la Nouvelle-Angleterre ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Pour suppléer au manque de médecins et de chirurgiens, presque toutes les compagnies ont un frater, c'est-à-dire un soldat ayant quelque notion des premiers soins à donner aux blessés et aux malades. Celui-ci fait généralement office de barbier, mais sait aussi manier la lancette, petit couteau très coupant pouvant servir pour des chirurgies mineures, comme l'extraction d'une balle. Pour ses services, le frater touche un modeste supplément de solde. Il reste que le sort d'un blessé lors d'un raid n'est pas enviable. On ne l'abandonne pas, mais grands sont les risques qu'il succombe en chemin d'une hémorragie ou d'épuisement.