L'Organisation de la Nouvelle-France

L'organisation et l'effectif des troupes en Nouvelle-France

La garde du gouverneur général

Matelots de la marine française, vers 1690

Légende: Matelots de la marine française, vers 1690

La milice canadienne compte présentement dans ses rangs des régiments affectés à la garde du gouverneur général. La création de ces unités, composées de miliciens volontaires, s'effectua au cours des années 1860 et 1870. L'institution régulière de cette garde, au Canada, remonte cependant au règne de Louis XIV.

Dès le Moyen Âge, la coutume voulait que les grands personnages soient escortés par quelques hommes en armes, qui assuraient leur sécurité. Au Canada, le protocole fut, de toute évidence, plus simple que dans la métropole, du moins jusqu'à l'arrivée du premier corps de garde véritable, en 1665. Il s'agissait d'une troupe de 17 « hommes de guerre » commandés par un capitaine, un lieutenant et une cornette (sous-lieutenant qui porte l'étendard de la compagnie). Ces soldats formaient l'escorte du marquis Prouville de Tracy, lieutenant général de l'Amérique française. Ils portaient, selon un vœu du roi, une casaque semblable à celle des mousquetaires de sa propre garde. Quand le marquis se déplaçait dans les rues, c'était tout un cortège qui l'accompagnait : quatre pages et une partie de sa garde le précédaient, tandis qu'auprès de lui se tenaient plusieurs officiers, à la tête desquels se trouvait son capitaine des gardes, qui était aussi son aide de camp. Quand le marquis de Tracy repartit en France, en 1667, avec cette troupe, on ne considéra pas le gouverneur Courcelles comme aussi digne et il n'eut pas droit à sa propre compagnie de garde.

La nomination de Louis de Buade, comte de Frontenac, en 1672, correspondit à l'établissement permanent de gardes affectés à la personne du gouverneur général. L'énergique comte de Frontenac se servit toutefois de la sienne comme police personnelle pour faire arrêter plusieurs personnes, dont le gouverneur de Montréal, Nicolas Perrot, geste qui fut jugé excessif et mena au rappel de son auteur, en 1682. À la suite de ces abus, il fut spécifié que la seule fonction de ce corps était d'assurer la sécurité du gouverneur général.

De 1672 jusqu'à la fin du Régime français, la garde fut officiellement « une compagnie de 20 hommes de guerre à cheval dits carabins », comprenant un capitaine, un lieutenant et une cornette. Dans la réalité, il en alla souvent autrement. D'abord, ces hommes se déplaçaient à pied. En outre, comme leur solde était comprise dans les appointements du gouverneur général, cette compagnie était sujette à devenir fictive, selon la fortune de ce dernier. Ainsi, à partir de la fin du XVIIe siècle, elle se limitait habituellement à deux ou trois personnes. Les jours de fête et lors des cérémonies, on trouvait assez de gens pour compléter le nombre. Le marquis de Vaudreuil n'avait que deux hommes dans sa suite, au début du XVIIIe siècle, tandis que le marquis de La Jonquière, homme fortuné, débarquait en grande pompe à Québec, le 4 août 1749, précédé de toute sa compagnie.

Il existe peu d'information sur l'aspect vestimentaire et l'armement de la garde. Cependant, il appert que les hommes du comte de Frontenac portaient des casaques, en 1673, et ceux du marquis de Vaudreuil (1703-1725) de même, mais la description de ces vêtements est inconnue. Pour leur part, les gardes du marquis de La Jonquière, à leur arrivée à Québec, en 1749, se montrèrent « en habits verts, le fusil sur l'épaule ». Il s'agissait manifestement de la livrée du marquis, ce qui semble indiquer qu'à partir de 1672 les gardes portaient les couleurs et armoiries personnelles de leur maître, comme c'était l'usage dans la métropole.