Les troupes de l'Atlantique

La défense de l'île Royale

La vie à Louisbourg

Embarquement du régiment suisse de Karrer

Légende: Embarquement du régiment suisse de Karrer

Faire partie de la garnison de Louisbourg en cette période de paix qui s'étendra jusqu'à la reprise des hostilités entre la France et l'Angleterre, en 1744, n'a rien de particulièrement agréable. Le climat de l'île Royale, humide et froid, est difficile à supporter. La forteresse est tout à fait isolée et fréquemment entourée de brouillard. Le service consiste essentiellement à monter la garde. En dehors de ces périodes et de celles consacrées à l'exercice, il y a peu de divertissements. Aussi, on s'occupe souvent à construire des fortifications pour gagner un peu d'argent supplémentaire. Comme il est rarement nécessaire d'envoyer de petits détachements à l'île Saint-Jean, ou dans les autres petits postes de l'île du Cap-Breton, comme Port-Toulouse et Port-Dauphin, les troupes sont groupées à Louisbourg et n'en sortent que peu ou pas. De plus, contrairement à celles qui servent ailleurs en Nouvelle-France, elles ont peu d'occasions de se faire valoir lors d'expéditions qui encouragent l'esprit guerrier et favorisent l'émulation. Toutes ces conditions nuisent au moral de la garnison française. Quant aux soldats suisses, qui forment le cinquième de l'effectif militaire de l'île Royale, ils servent surtout dans la ville même. Ils ont leur propre cantine et leur propre buanderie et mènent une existence séparée des soldats français, quoique sans hostilité réciproque. La plupart d'entre eux ne parlent que l'allemand, ce qui explique sans doute leur peu de contact social avec les militaires et les civils français. Ils sont aussi en majorité protestants, ce qui a son importance à une époque où l'Église catholique est la seule qui soit officiellement admise dans le royaume.

D'une façon générale, il manque dans les six Compagnies franches de la Marine de l'île Royale, qui devraient compter chacune 60 soldats en 1723, de 20 à 30 soldats par rapport au nombre total permis, mais le creux de la vague est atteint en 1731, alors qu'on note un déficit de 20 % par rapport à l'objectif prévu. Il sera réduit l'année suivante par l'arrivée de renforts et par l'adjonction à chaque compagnie de deux cadets à l'aiguillette, postes attribués aux fils d'officiers. En juin 1724, le nombre de soldats suisses sera porté à 100.

L'importance des troupes régulières en garnison à Louisbourg n'encourage pas la levée d'une milice à des fins militaires, et le rôle social que pourrait jouer cette institution au sein de la colonie n'apparaît pas évident. D'où le peu d'intérêt que l'on apporte à lever un tel corps parmi la population de l'île Royale. Ce n'est qu'en 1741 que deux compagnies de 50 hommes chacune seront établies dans la ville de Louisbourg.

Images additionnelles

Sergent et soldat des Compagnies franches de la Marine de Nouvelle-France, entre 1716 et 1730